VOISENON (Claude-Henri de Fusée, comte de Voisenon, dit Abbé de)
VOISENON (Claude-Henri de Fusée, comte de Voisenon, dit Abbé de) 1708-1775
Biographie
Il est le fils de Louis Claude comte de Fusée de Voisenon et de Marie Anne de Palerne.
Issu d’une grande famille, Voisenon eut une jeunesse mondaine. Une anecdote fréquemment citée est que « de santé délicate mais doué d’une vive intelligence, il n’était âgé que de 11 ans lorsqu’il adressa une épître en vers à Voltaire qui l’en remercia et lui prédit une carrière poétique. Ce fut le début d’une amitié qui dura jusqu’à la mort de Voisenon sans jamais se démentir. » Si l’amitié épistolaire entre les deux hommes est indéniable (Voltaire le surnommait « le cher ami Greluchon »), le fait signalé est probablement faux et dû à l’imagination de la comtesse Turpin de Crissé, sa première biographe.
En qualité de cadet, sa famille le destinait à l’état ecclésiastique, auquel il se résigna, dit-on (sans doute encore une légende), après un duel au cours duquel il avait grièvement blessé son adversaire. Il fut ordonné prêtre en 1739. Il devint grand-vicaire du diocèse de Boulogne-sur-Mer, dont l’évêque était alors son parent, Mgr Henriot. Il est aussi nommé abbé commendataire de l’abbaye de la Chapelle-aux-Planches. L’évêque de Boulogne le chargea de rédiger ses mandements, dans lesquels Voisenon introduisait, paraît-il, plus d’épigrammes que de pensées édifiantes. À la mort de l’évêque en 1741, « la ville et le clergé de Boulogne » auraient demandé au cardinal de Fleury qu’il lui succédât. Voisenon se serait précipité à Versailles pour demander qu’on ne le nommât pas : « Comment veulent-ils [...] que je les conduise, lorsque j’ai tant de peine à me conduire moi-même ? » Il eut gain de cause et obtint cependant l’abbaye du Jard, à proximité de Melun, et dont il se borna d’ailleurs à toucher les revenus.
L’abbé de Voisenon s’intéressait au théâtre et fréquentait des gens de lettres dans le salon de Madame Doublet, où il connut Crébillon fils, Charles Pinot Duclos, Charles-Simon Favart et sa femme, Justine. Mme Doublet qu’il appelait affectueusement sa « marraine » ne l’était ni au sens religieux, ni au sens de l’état-civil (?). Très répandu dans la société des lettres, il fut l’un des principaux membres de la Société du bout du banc de Mlle Quinault et fréquenta les salons de Mmes Geoffrin et d’Épinay. On le voyait également beaucoup chez le duc de La Vallière dans son château de Montrouge, si bien que Voltaire l’appelait plaisamment « Monseigneur de Montrouge ». Grand amateur de bon vin, de bonne chère et de galanterie, on le disait amant de Madame Favart. Il écrivait des romans et des contes libertins, rimait des poésies légères ou à sujets bibliques, et composa des comédies en vers dont plusieurs eurent du succès et un opéra (L’Amour et Psyché, 1760).
Il refusa le poste diplomatique que lui offrit le duc de Choiseul mais accepta une pension de 6 000 livres pour composer des Essais historiques à l’usage des petits-fils de Louis XV. Il fut présenté à Madame de Pompadour, auprès de qui il ne tarda pas à être en grande faveur, et usa de son influence pour aider des hommes de lettres dans le besoin.
Grâce à la protection de Voltaire, il fut élu à l’Académie française le 4 décembre 1762 en remplacement de Crébillon père.
Pendant la réforme Maupeou, il fut proche des principaux ministres. En 1771, le duc d’Aiguillon le fit nommer ministre plénipotentiaire du prince-évêque de Spire. Il fut aussi lié avec l’abbé Terray (il contribua à la fête organisée pour le mariage du neveu de l’abbé).
Quelque temps après le rétablissement des cours souveraines, il renonça à la vie parisienne. Il se retira en septembre 1775 à Voisenon pour, disait-il, se trouver de plain-pied avec la sépulture de ses ancêtres.
Œuvres
Théâtre
- 1738 : L’Heureuse Ressemblance
- 1739 : L’Ombre de Molière ; L’École du monde ; Le Retour de l’ombre de Molière (Comédie)
- 1744 : Les Mariages assortis ou la sourde
- 1746 : La Coquette fixée avec Charles-Antoine Leclerc de La Bruère
- 1747 : La Fausse prévention
- 1750 : Le Réveil de Thalie (Comédie) avec Marcouville
- 1753 : Titon et l’Aurore
- 1754 : Les Jeux floraux
- 1756 : Les Magots ; La Jeune Grecque ; L’Amant jardinier ou les amusements de campagne (Comédie) avec Charles-Simon Favart
- 1757 : La Petite Iphigénie
- 1758 : Nina ou la mitaine enchantée ; Les Fêtes de Paphos avec Charles-Antoine Leclerc de La Bruère et Jean-Baptiste Collet de Messine ; L’Amour et Psyché
- 1759 : La Parodie au Parnasse (opéra-comique)
- 1760 : La Nouvelle troupe (Comédie) avec Louis Anseaume et Charles-Simon Favart
- 1762 : Annette et Lubin (Comédie) avec Justine Favart, Charles-Simon Favart et Jean-Baptiste Lourdet de Santerre ; Hilas et Zélie
- 1765 : Les Albanes ou l’amour vengé avec Charles-Simon Favart ; L’Amour fugitif avec Charles-Simon Favart ; La Fée Urgèle ou ce qui plaît aux dames avec Charles-Simon Favart
- 1768 : Les Moissonneurs avec Charles-Simon Favart
- 1769 : L’Amant déguisé ou le jardinier supposé avec Charles-Simon Favart
- 1770 : L’Amitié à l’épreuve ; Jupiter et Calisto
- 1774 : La Fête de Lucienne avec Charles-Simon Favart
- 1776 : Fleur d’Épine (opéra-comique)
- 1780 : Erixène ou l’amour enfant
- 1781 : La Chute des anges rebelles ; L’Heureuse ressemblance
- La Tante supposée ; L’Hôtel garni ; L’Amour piqué par une abeille ; Zélémide ; Apollon et Marsyas ; Zémis et Zélie ; Les Israélites sur la montagne d’Horeb ; L’Art de guérir l'esprit ; Zénis et Almasie ; Le Jeune Maccabée (drame-lyrique) ; Zeuxis et Parrhasius ; La Coquette incorrigible ; Coulouf ou l’heureux hulla ; Memnon ; Elmasis ; Mirzèle ; Esope et Thalie ; Les Fureurs de Saül ; Samson