PRÉMARAY (Jules-Martial Regnault, dit Jules de)
PRÉMARAY (Jules-Martial Regnault, dit Jules de) 1818-1868
Biographie
Élevé jusqu’à l’âge de dix ans à Roscoff, il vient avec sa famille à Paris vers 1830. Son père, ancien officier au 7e régiment de dragons et capitaine des douanes, refuse l’offre d’Alexandre-Étienne Choron de lui donner une éducation musicale et tente de le faire entrer dans le commerce. Le jeune homme choisit plutôt d’entrer dans la bohême, couchant à la belle étoile en compagnie de Henry Murger, Théodore de Banville et Nadar, et restant souvent trois jours sans manger. Il finit par trouver une place dans une imprimerie de la rue Montmartre, où il est payé à 50 centimes par jour pour plier des billets de mariage et de décès.
Le théâtre, pendant ce temps, l’attire irrésistiblement. Après avoir composé avec Léon Paillet une première pièce qui passe inaperçue, et s’être fait refuser plusieurs pièces par le Gymnase-Dramatique, il profite de la mise en interdit de ce théâtre par la Société des auteurs dramatiques pour y présenter un vaudeville en un acte, Le Docteur Robin, lequel est accepté et connaît cent représentations. Il est bientôt suivi d’une comédie en deux actes, La Marquise de Rantzau, où l’actrice Rose Chéri remporte son premier succès important, puis d’une autre, Bertrand l’horloger, qui est traduite en allemand et remporte dans les grandes villes d’Allemagne le même succès qu’à Paris. La carrière théâtrale de Prémaray, malgré les pièces refusées et celles qui tombent sous les sifflets, est désormais lancée.
Lorsque la Révolution de 1848 entraîne la fermeture des théâtres parisiens, une seconde carrière s’ouvre à lui. Devenu rédacteur en chef du journal La Patrie, il y rédige tous les articles politiques jusqu’aux élections présidentielles, après quoi il se démet de cette fonction pour se faire chroniqueur dramatique. Sans cesser de produire pour la scène, il tient ce poste sans défaillir pendant près de onze ans, faisant chaque lundi le compte rendu de tout ce qui se joue de nouveau dans Paris. Un de ses confrères écrit dans Le Tintamarre en 1851 : « Sa critique de tact, de mesure et d’érudition, souvent marquée au coin d’une ironie fine et légère, est exempte de cette exagération furibonde et de ces débauches de style dans lesquelles se drapent orgueilleusement quelques critiques au biberon de l’école romantique3. » Ce à quoi Charles Monselet ajoute : « M. Jules de Prémaray est le seul qui prenne le temps de discuter une pièce de théâtre ; le malheur pour les auteurs est que, la pièce une fois discutée, il n’en reste souvent plus rien. »
En 1853, Prémaray est fait chevalier de la Légion d’honneur à l’occasion de la reprise au Théâtre-Français des Droits de l’homme, comédie qui est également jouée avec succès à New York en 1855. Vers la fin de 1859, il tombe gravement malade et doit cesser ses travaux pour suivre un traitement hydropathique. Il fait un très long séjour dans une maison de santé avant de mourir à l’âge de 48 ans.
Oeuvres
Théâtre
- 1841 : Le Cabaret de la veuve avec Léon Paillet
- 1842 : Le Docteur Robin ; La Marquise de Rantzau ou la nouvelle mariée
- 1843 : Bertrand l’horloger ou le père Job ; Les Deux favorites ou l’anneau du Roi ; Le Capitaine Lambert ; Manon ou un épisode de la Fronde
- 1844 : Part à deux ; Sarah Walter ; Le Tailleur de la Place Royale
- 1845 : La Comtesse de Moranges ; Une Femme laide
- 1846 : Simplice ou le collégien en vacances avec Narcisse Fournier
- 1847 : Le Chevalier de Saint-Rémy avec Antoine-François Varner ; L’Ordonnance du médecin
- 1850 : Le Jour de charité ; La Peau de mon oncle avec Charles Varin,
- 1851 : L’Amant de cœur avec Paul Siraudin ; Les Droits de l’homme
- 1853 : Monsieur le Vicomte (Comédie-vaudeville) avec Eugène Nyon
- 1854 : Les Cœurs d’or avec Léon Laya et Amédée Achard
- 1855 : Donnez aux pauvres ; La Boulangère a des écus
- 1862 : La Jeunesse de Grammont