HENNEQUIN (Alfred)
HENNEQUIN (Alfred) 1842-1887
Biographie
Issu de l’École des mines de Liège, il commence par travailler comme ingénieur des chemins de fer belges. Passionné par l’écriture théâtrale, il fait jouer à Bruxelles quelques pièces, dont Les Trois Chapeaux, sous le pseudonyme d’Alfred Debrun ou d’Alfred Lebrun. Puis il vient à Paris pour diriger une compagnie de tramways, tout en poursuivant sa carrière théâtrale. Il fait reprendre avec succès Les Trois Chapeaux au Théâtre du Vaudeville en 1871, et écrit en collaboration Aline et Le Procès Vauradieux, respectivement avec Armand Silvestre et Alfred Delacour. Devant les succès obtenus presque aussitôt, il décide en 1875 d’abandonner totalement l’industrie pour se consacrer exclusivement au théâtre.
À cette époque, le vaudeville, qui a perdu ses couplets, s’essouffle. Faute de temps ou de capacités, beaucoup d’auteurs se satisfont de pièces, à l’intrigue ténue liant une succession de tableaux, dont l’intérêt tient seulement à l’esprit et à la verve des dialogues. La critique les qualifie d’ailleurs plutôt de « comédies légères » que de vaudevilles. Allant à l’encontre de cette tendance, Hennequin devient le chef de file d’une nouvelle forme, le vaudeville structuré, illustrée par Le Procès Vauradieux et Les Dominos roses.
Dans ses vaudevilles, l’intrigue est soigneusement organisée, pour permettre de multiplier de façon logique et rapide péripéties et quiproquos tout au long de la pièce, et pour la faire durer jusqu’au dénouement final. Par son habileté à se sortir des imbroglios les plus inextricables, l’abbé Louis Bethléem surnomme Hennequin le Bouchardy de la farce. Parfois l’auteur ne se contente pas d’une seule intrigue ; il en entremêle plusieurs, rendant presque impossible la tâche des critiques dramatiques, chargés d’en rapporter le résumé. Ainsi, dans sa critique du 7 février 1880 de La Corbeille de mariage de Hennequin et Bocage, Arnold Mortier prévient ses lecteurs : « Ne pouvant raconter cette représentation, je prends le parti de la dessiner à main levée ». Suit le plan de la scène, comportant pas moins de 5 portes par où entrent et sortent les différents personnages, 4 armoires qui servent d’autant de cachettes, 2 pianos sur lesquels on joue deux airs différents, et, ajoute Mortier, un coffre de bois « dont les auteurs ne se sont pas servi, sans doute pour ne pas compliquer la situation. ». Ce type de vaudeville fut baptisé à l’époque « hennequinade » du nom de son inventeur.
Quelques années plus tard, Georges Feydeau s’inspirera de cette technique pour bâtir ses vaudevilles, nommant bien volontiers ses maîtres : Eugène Labiche pour les personnages, Meilhac et Halévy pour les dialogues, et Alfred Hennequin, l’ingénieur du vaudeville, pour la construction des intrigues.
Son fils Maurice se lança très jeune, à l’âge de 19 ans, dans l’écriture théâtrale sur les traces de son père. Les premières années, celui-ci l’aida, et ils écrivirent quelques pièces en collaboration, comme Trop de vertu ! en 1886.
Alfred Hennequin connut des succès énormes. Il travaillait beaucoup, et buvait tout autant. Ces deux excès aboutirent à son internement dans une maison de santé de Saint-Mandé au mois de mars 1886. Il est mort quelques mois plus tard à Épinay, le 7 août 1887, à l’âge de 45 ans.
Œuvres
Théâtre
- 1871 : Les Trois chapeaux (Comédie)
- 1873 : Aline (Pièce) avec Paul-Armand Silvestre
- 1875 : Le Procès Veauradieux (Comédie) avec Alfred Delacour
- 1876 : Poste restante (Comédie) avec Alfred Delacour ; Les Dominos roses (Comédie) avec Alfred Delacour
- 1877 : Bébé (Comédie) avec Émile de Najac ; La Poudre d’escampette (Folie-vaudeville) avec Henry Bocage ; Le Phoque (Comédie) avec Alfred Delacour
- 1878 : Le Renard bleu (Comédie) ; Niniche (Vaudeville) avec Albert Millaud ; La Petite correspondance (Comédie) avec Émile de Najac
- 1879 : La Femme à papa (Vaudeville) avec Albert Millaud ; Nounou (Comédie) avec Émile de Najac
- 1880 : La Corbeille de noces (Comédie) avec Henri Bocage
- 1881 : La Vente de Tata (Vaudeville) avec Albert Wolff
- 1882 : Lili (Comédie-opérette) avec Albert Millaud ; Ninetta (Opéra-comique) avec Alexandre Bisson
- 1883 : Le Présomptif (Opéra bouffe) avec Albin Valabrègue
- 1884 : Le Train de plaisir (Vaudeville) avec Arnold Mortier et Albert de Saint-Albin ; Les Trois devins (Opérette) avec Albin Valabrègue
- 1885 : Cherchez la femme (Comédie) avec Émile de Najac ; L’Étudiant pauvre (Opéra-comique) avec Albin Valabrègue ; La Guerre joyeuse (Opéra-comique) avec Maurice Hennequin
- 1886 : Trop de vertu ! (Comédie) avec Maurice Hennequin