NIVELLE DE LA CHAUSSÉE (Pierre-Claude)
NIVELLE DE LA CHAUSSÉE (Pierre-Claude) 1692-1754
Biographie
La Chaussée a près de quarante ans lorsqu’il débute dans les lettres par un petit poème, une Épître de Clio, publiée à Paris en 1731, et dans laquelle il prend le parti de La Faye dans la controverse opposant ce dernier à Houdar de La Motte, qui soutenait que les vers n’étaient pas indispensables à la tragédie.
Deux ans plus tard, il fait jouer sa première pièce, La Fausse Antipathie, en trois actes et en vers, représentée le 12 octobre 1733. Cette œuvre annonce le drame bourgeois, tout en conservant les règles canoniques de la comédie classique. C’est le premier essai d’un genre nouveau, qu’on appellera la comédie larmoyante ou comédie mixte, et qui n’est autre chose que le drame, mais bien modeste encore, respectant scrupuleusement les règles classiques des trois unités et la forme du vers.
Le public prend simplement La Fausse Antipathie pour une comédie dépourvue de comique et La Chaussée lui-même n’avait peut-être fait qu’entrevoir le genre qu’il allait développer avec succès, surtout dans les cinq pièces suivantes, toutes en cinq actes et en vers, données comme des comédies sans comique, où le but était d’intéresser par le spectacle des infortunes domestiques.
Tirant ses principaux effets de la triste situation de personnages qui ne sont pas au-dessus de l'ordre commun, La Chaussée leur prête dans tous les moments où l'action n'est pas très vive, un entretien sérieux dont la langueur va facilement à l’insipidité. Comme il a en vue l'instruction morale plus directement que dans la comédie véritable, les préceptes et les sentences sont multipliées au point que quelques scènes ne sont que des traités de morale dialogués. Avec ses tendances et ses défauts, La Chaussée fait alors face aux attaques des envieux, des amis du sel comique et de ceux qui voient dans ses œuvres une sorte de profanation à la fois contre la comédie et contre la tragédie.
Le « révérend père La Chaussée » ne va cependant pas jusqu’à appliquer les stricts principes moraux qu'il met en scène dans ses pièces à sa vie privée : il fréquente des cercles libertins et compose également des ouvrages grivois. Reçu à l’Académie française en 1736, il s'opposera constamment à l'admission d'Alexis Piron, ainsi qu'à celle de Jean-Pierre de Bougainville, lequel finira toutefois par lui succéder.
Oeuvres
Théâtre
- 1731 : Le Rapatriage
- 1733 : La Fausse antipathie
- 1734 : La Critique de la Fausse antipathie
- 1735 : Le Préjugé à la mode
- 1737 : L'École des amis
- 1738 : Maximien
- 1740 : Palmire, reine d'Assyrie
- 1741 : Mélanide
- 1742 : Amour pour amour
- 1743 : Paméla
- 1744 : L'École des mères
- 1746 : Le Rival de lui-même
- 1747 : La Gouvernante ; L'Amour castillan
- 1749 : L'École de la jeunesse ou le retour sur soi-même
- 1750 : Élise ou la rancune officieuse
- 1751 : L'Homme de fortune
- 1756 : Le Retour imprévu
- 1791 : L'Éloge de la folie
- Non représentées : Le Vieillard amoureux ; Les Tyrinthiens ; La Princesse de Sidon ; Le Véritable père de famille
Bibliographie
- Nivelle de La Chaussée et la comédie larmoyante (Gustave LANSON)