DE BÉRANGER (Pierre-Jean)
DE BÉRANGER (Pierre-Jean) 1780-1857
Biographie
Jusqu’à la Révolution, il est élevé par son grand-père paternel, tailleur, rue Montorgueil. Il rejoint ensuite une tante paternelle à Péronne dans la Somme. Il y suit des études primaires, sans toutefois apprendre le latin et entre chez un imprimeur comme apprenti. Il s’initie à la poésie. De retour à Paris en 1795, il aide son père, agent d’affaires. Il écrit ses premiers poèmes. Il fréquente une académie de chanson. En 1799, républicain convaincu, il voit avec soulagement la prise du pouvoir par Bonaparte. En 1804, il envoie un courrier à Lucien Bonaparte, second frère de Napoléon, avec deux poèmes dont Le Déluge. Ce dernier le reçoit et lui accorde un traitement de membre de l’Institut. Béranger peut dès lors se consacrer pleinement à l’écriture. Fin 1813, il entre au Caveau moderne, société de chansonniers parisiens qui se retrouvent chaque semaine. Le Caveau publie chaque année un recueil de chansons de ses sociétaires, La Clé du Caveau, ce qui permet de faire connaître leurs œuvres au plus grand nombre. En 1813, Béranger est déjà connu avec Les Gueux et Le Roi d’Yvetot. Les gens les chantent dans la rue, au café. Après le retour de Louis XVIII, en 1815, Béranger se sert de la chanson comme d’une arme politique. Dès 1814, il défend la liberté d’expression dans La Censure. Il attaque la Restauration avec sa Requête présentée par les chiens de qualité, s’en prend à l’ordre jésuite dont il se moque dans Les Révérends Pères (1819). La publication de son second recueil de chansons, à la fin de l’année 1821, lui vaut un procès. On lui reproche surtout ses chansons égrillardes, qui apparaissent à l’époque antireligieuses. Il est condamné à trois mois de prison. Cette condamnation le rend encore plus populaire. Il continue d’attaquer la royauté avec Nabuchodonosor, en 1823, et Sacre de Charles le Simple, en 1825, dans lequel il ridiculise le couronnement de Charles X. Il ne cache pas par ailleurs son bonapartisme (Paillasse en 1817, Les Souvenirs du peuple en 1828).
Condamné une nouvelle fois en 1828, il passe neuf mois en prison. Victor Hugo, Alexandre Dumas, Sainte-Beuve viennent lui rendre visite. Avec la Révolution de juillet 1830, l’influence de Béranger est à son apogée. Toutefois, participant aux comités restreints qui permettent à Louis-Philippe d’accéder au trône, Béranger refuse honneurs et pensions. Désireux de conserver son indépendance et sa liberté, il refuse également d’entrer à l’Académie française.
En 1830, Pierre-Jean de Béranger écrit Les Cinq Étages. Cette chanson narre l’ascension et le déclin d’une femme légère dans un immeuble parisien. Elle naît au rez-de-chaussée et finit sa vie dans la mansarde. Chaque étage correspond à un niveau social. Les étages nobles à cette époque étant le premier et le deuxième.
Déçu par le nouveau régime, Béranger quitte Paris pour la province en 1834 avec sa compagne Judith. De retour à Paris en 1840, il refuse lors de la révolution de 1848 de siéger à la Chambre des députés. Il décède le 16 juillet 1857. Le gouvernement impérial redoute des manifestations lors de son enterrement. Celui que l’on surnommait « l’immortel Béranger » ou « le chansonnier national » est enterré dès le 17 juillet à midi, sous forte escorte militaire. Considéré comme le père de la chanson moderne, Béranger en a exploré tous les styles, de la chanson bachique à la satire, de la romance à la chanson sociale, sans oublier la chanson politique.
Oeuvres
Théâtre
- 1815 : Les Caméléons (Comédie-vaudeville) avec Charles-François-Jean-Baptiste Moreau de Commagny et Alexis Wafflard
- 1818 : Haguenier ou l’habit de cour (Vaudeville) avec Benjamin Antier et Ludwig Franz Benedict von Bilderbeck
- 1823 : La Maison de plaisance avec Benjamin Antier et Violet d'Épagny
- 1824 : Attila et le Troubadour (Comédie-vaudeville) avec Benjamin Antier et Ludwig Franz Benedict von Bilderbeck ; Les Femmes ou le mérite des femmes avec Benjamin Antier